L'histoire des sentiers de rando en Ille-et-Vilaine

Les sentiers de randonnée en Ille-et-Vilaine, toute une histoire

Au lancement de la création des sentiers en 1972, la cartographie de l’Ille et Vilaine était au 1/50.000 avec un relief figuré en hachures : les « historiques » cartes d’état major en noir et blanc, avec rajout de surcharges en rouge pour les grandes routes et vert pour les forêts.

Il fallait donc se débrouiller avec des cartes quasi illisibles pour rechercher des sentiers… Fort heureusement nous avons eu l’aide de la Direction Départementale de l’Agriculture qui, disposait d’une cartographie au 1/30.000. Bien que peu précises et avec de nombreuses erreurs et oublis, ces cartes ont donné une meilleure vision du territoire.

La réalisation des premiers itinéraires s’est faite en arpentant le terrain avec consultations des habitants, des mairies, du cadastre…

Sur le territoire de Monterfil, Tréffendel, Iffendic, des photos aériennes avaient été réalisées pour le syndicat intercommunal de la Chèze et du Serein. Nous avons ainsi cerné la zone où pouvaient se situer d’anciens chemins dans les landes et de délaissés avant de les rechercher sur le terrain, non sans difficulté, face à la végétation …. et aux vipères !

Pendant ce temps l’IGN préparait ses futures cartes en exploitant leurs missions aériennes de la fin des années 60 avec deux chargés de missions envoyés sur le terrain. Sachant que nous étions aussi sur le terrain, une liaison s’est faite très étroitement entre ce que nous relevions et ce qu’ils obtenaient. Visites fréquentes et fructueuses au siège de la délégation d’Ille et Vilaine du CNSGR (Comité National des Sentiers de Grande Randonnée).

Ces relations avec IGN étaient aussi facilitées par le fait que deux représentants de l’IGN siégeaient au CNSGR où j’ai été élu en 1974. Localement les relations avec l’antenne régionale de l’IGN ont été excellentes : fourniture de pré-tirages des cartes, et interventions bénévoles pour nos premiers stages de formations d’animateurs et de responsables.

C’est ainsi que la cartographie au 1/25.000 a permis de couvrir tout le département jusqu’à la fin des années 1970, ouvrant ainsi beaucoup de perspectives pour la randonnée.

Certes tout n’était pas parfait, certains chemins n’apparaissaient pas, confondus avec des talus. D’autres n’existaient déjà plus en raison de l’intense développement des remembrements et regroupements de terres. Les chemins marqués ne signifiaient pas qu’ils soient publics, c’est toujours le cas. Et les itinéraires de randonnées n’étaient pas représentés.

Ce n’est que 20 à 30 ans après, que ces relevés ont commencés à être indiqués sur les cartes IGN, à partir de l’établissement des plans départementaux des itinéraires de promenades et de randonnées (PDIPR) établis entre étroite concertation entre les conseils généraux, les comités départementaux de randonnée ...

Ce travail se poursuit encore aujourd’hui en Ille et Vilaine, grâce à Bernard Houssais et au suivi qu’il effectue avec la commission des sentiers du Comité Rando35.

Un autre aspect du relevé des itinéraires permet maintenant aux randonneurs d’apprécier le littoral.

En 1947, le plan directeur des GR avait prévu la création d’un grand sentier en Bretagne destiné à en faire le tour : Le GR 34

Il a fallu attendre 1968 pour que sa création soit lancée par l’envoi d’un chargé de mission de la Délégation à l’Aménagement du Territoire (DATAR) chargé de rechercher des bonnes volontés bénévoles.

Seul Emile ORAIN, avec l’Auberge de Jeunesse de Lannion, accepta le défi en lançant le travail dans les Côtes d’Armor. L’Ille et Vilaine réagit à son tour en 1972 avec Jacques LEMAITRE et les équipes du Club Alpin Français, avant le Finistère et Morbihan en 1974.

Sur le département 35, tout était à faire, ou presque. Seul existait le tronçon Cancale - pointe du Grouin réalisé par les « Amis des Chemins de ronde ».

En recherchant sentiers et bénévoles, un premier topo provisoire fut réalisé avec un tracé alternant bords de mer et routes. Une solution qui permettait une continuité mais loin d’être satisfaisante.

Fort heureusement nous avions eu la main heureuse en trouvant un retraité, Pierre MARTEL de Paramé, autodidacte, mais passionné par le challenge. Maniant serpe et faucille il traça les premiers cheminements dans les ajoncs, et mesura la hauteur des marées pour savoir quand on pouvait passer sur certains gués. Mais plus important encore, et en toute discrétion, il effectua le relevé cadastral détaillé de toutes les parcelles bordant le littoral !

Dès la loi sur la servitude du littoral votée en 1977, la Direction de l’Equipement de Rennes nous contacta et nous lui avons apporté tout le relevé cadastral entre Saint Malo et Pointe du Grouin...

De quoi lancer l’application de la loi sans tarder et obtenir le sentier côtier sur tout le parcours. Cette fois, Pierre MARTEL pouvait opérer avec soutiens et efficacité sur le terrain. Il n’était plus question de prolonger la route littorale qui avait été lancée au départ de la Pointe du Grouin, ni de donner de permis de construire au fil de cette côte.

Le travail du CNSGR, devenu la Fédération Française de la Randonnée Pédestre, a permis d’obtenir cette loi au niveau national et de réaliser ce merveilleux sentier côtier le GR34, le GR préféré des français en 2017 !


Jacques LEMAITRE

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